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Société d’agriculture de Louhans
Fiche rédigée par : Christelle Aubry, secrétaire de documentation aux Archives départementales de Saône-et-Loire
Création

Fruit du volontarisme de la Monarchie de Juillet, elle est fondée dans l’un des deux arrondissements les plus agricoles du département, sur proposition du sous-préfet Mauret De Pourville, qui en devient président de droit. Son premier règlement, repris par les statuts du 16 juin 1840, est modifié le 5 janvier 1841. Cette seconde version stipule notamment que l’association est « destinée à encourager l’agriculture, en établissant des communications fréquentes, des liens de confraternité entre les propriétaires et les cultivateurs » (art. 1). Son bureau est renouvelable tous les deux ans, et les sociétaires acquittent une cotisation alors élevée de 10 francs (ramenée ensuite à 4 francs).
Louhans, Saône-et-Loire, dessin (source : BnF-Gallica) |
Recrutant majoritairement chez les vieilles familles louhannaises, la Société rassemble les grandes fortunes foncières, nobles ou bourgeoises, de l’arrondissement, rejoints par les « amis de l’agriculture » : administrateurs et représentants des professions libérales, eux-aussi rentiers du sol.
Comptant 47 membres titulaires en 1838, l’effectif initial ne cessera de s’accroître. Sous la Troisième République, l’élargissement des bases sociales et géographiques se traduit par le doublement de l’effectif à partir de 1888, culminant à 750 membres dix ans plus tard. Adhèrent désormais à la Société les cultivateurs issus de communes rurales, les artisans, les cafetiers, les receveurs-buralistes, les entrepreneurs de battage et les constructeurs-mécaniciens, sans oublier les instituteurs. Si ces derniers n’y adhèrent pas à titre individuel, ils remplissent les fonctions de correspondants de la Société lorsque s’institue dès 1890 la pratique du versement d’une subvention des communes à cette dernière. Au début du XXe siècle, les agriculteurs occupent une place prépondérante dans l’effectif de la Société.
Comptant 47 membres titulaires en 1838, l’effectif initial ne cessera de s’accroître. Sous la Troisième République, l’élargissement des bases sociales et géographiques se traduit par le doublement de l’effectif à partir de 1888, culminant à 750 membres dix ans plus tard. Adhèrent désormais à la Société les cultivateurs issus de communes rurales, les artisans, les cafetiers, les receveurs-buralistes, les entrepreneurs de battage et les constructeurs-mécaniciens, sans oublier les instituteurs. Si ces derniers n’y adhèrent pas à titre individuel, ils remplissent les fonctions de correspondants de la Société lorsque s’institue dès 1890 la pratique du versement d’une subvention des communes à cette dernière. Au début du XXe siècle, les agriculteurs occupent une place prépondérante dans l’effectif de la Société.
Travaux marquants
Á l'origine le règlement prévoyait que « les travaux de la Société n’auront pour objet que l’art agricole et les matières qui s’y rattachent » et qu’a fortiori, elle « s’interdit expressément toutes discussions et délibérations étrangères à cet objet » (art. 3). La promotion de la modernisation agricole assurée par la Société, passe par trois grands types d’actions : la mise en place d’un enseignement agricole, l’organisation de manifestations périodiques visant à susciter l’émulation en matière d’innovation agricole, ou à célébrer les produits du terroir bressan, et enfin la vulgarisation du progrès technique agricole et la facilitation de l’accès aux machines agricoles.
La Société d’agriculture de Louhans n’aura de cesse de promouvoir l’institution d’un enseignement agricole, mais verra ses espoirs souvent déçus jusqu’à l’avènement de la Troisième République.
Très tôt soucieuse d’ « agriculture pratique » , la Société d’agriculture de l’arrondissement de Louhans s’adjoint dès le 11 novembre 1839 une « ferme-modèle » (art. 5), située à Châteaurenaud, dont elle finance le fonctionnement . Représentant l’une des deux premières fermes expérimentales du département, elle se consacre à l’expérimentation des nouvelles techniques de culture.
La circulaire ministérielle du 23 juillet 1847 conduit ensuite la Société d’agriculture à installer une École d’agriculture théorique et pratique, dans les locaux du presbytère de Châteaurenaud, sous la direction de l’abbé Marmorat, déjà directeur de la ferme-modèle . Mais elle ne deviendra jamais la ferme-école de l’arrondissement, voire du département, comme cela avait été pressenti sous la Seconde République. Pire, la ferme expérimentale grèvera lourdement les finances de l’association, dès les années 1850.
Il faut attendre l’avènement de la Troisième République pour que les efforts en vue d’instituer un enseignement agronomique portent leurs fruits. Dès lors, la Société relaie activement les initiatives officielles visant à vulgariser les nouvelles techniques, ainsi qu’à aider à la diffusion des principes d’hygiène et d’économie domestique. Ainsi, elle convie régulièrement M. Battanchon, professeur d’agriculture nommé en Saône-et-Loire depuis 1892, à présenter des conférences sur divers thèmes agronomiques. Cet enseignement est complété par l’installation de trois champs expérimentaux en secteur louhannais, cultivés sous le contrôle de la Société qui ont remplacé la ferme-école de Châteaurenaud. À l’échelon régional, la Société est représentée à l’École pratique d’agriculture et de viticulture de Fontaines, créée en 1892.
Le volontarisme de la Société d’agriculture s’exerce par ailleurs au travers de l’organisation de manifestations annuelles, célébrant l’innovation technique et récompensant les agriculteurs méritants.
Peu après sa fondation, la Société d’agriculture de Louhans institue une Fête annuelle de l’agriculture, dont la première édition se déroule le 14 juin 1842 à la ferme-modèle. Les agriculteurs lauréats y sont récompensés par l’attribution d’équipements agricoles perfectionnés. Cette manifestation se muera en un concours annuel à partir des années 1860, organisé par alternance dans les divers chefs-lieux de cantons de l’arrondissement. Toujours sous le Second Empire, l’aviculture bressane est mise à l’honneur au travers des concours de volailles grasses, dont la première édition a lieu en 1863 à Louhans. L’organisation de cette manifestation conjointe aux deux Bresses repose, pour la composante bourguignonne, sur la Société d’agriculture de Louhans.
Dès la fin du XIXe siècle, sous les auspices de Lucien Guillemaut, ces concours permettront également de célébrer et de valoriser le patrimoine culturel bressan, en s’appuyant notamment sur la notoriété de la volaille de Bresse.
La Société d’agriculture de Louhans se préoccupe également de mutualiser les équipements et les fournitures agricoles, puis de promouvoir la prévoyance agricole. Déjà, quelques années après sa création, la Société assure la fabrication d’instruments agricoles perfectionnés par des charrons qu’elle emploie. Par ailleurs, lors de la Fête annuelle de l’agriculture, dont la première édition a lieu en juin 1842 à la ferme-modèle, sont distribués aux agriculteurs méritants, en guise de primes, des instruments agricoles performants. Ces lots résultaient de subventions octroyées par la Société d’agriculture, sciences et belles lettres de Mâcon.
En 1891, la Société se constitue en une Association syndicale, dans le but d’acheter à meilleur prix les engrais chimiques. Le syndicat acquiert également des machines agricoles : trieur, herse, charrue brabant.
Au début du XXe siècle enfin, la Société se préoccupe de l’éducation à la solidarité, avec la promotion active des sociétés de secours mutuels, des assurances mutuelles-bétail ou mutuelles-incendie, et des caisses de crédit agricole .
La Société d’agriculture de Louhans n’aura de cesse de promouvoir l’institution d’un enseignement agricole, mais verra ses espoirs souvent déçus jusqu’à l’avènement de la Troisième République.
Très tôt soucieuse d’ « agriculture pratique » , la Société d’agriculture de l’arrondissement de Louhans s’adjoint dès le 11 novembre 1839 une « ferme-modèle » (art. 5), située à Châteaurenaud, dont elle finance le fonctionnement . Représentant l’une des deux premières fermes expérimentales du département, elle se consacre à l’expérimentation des nouvelles techniques de culture.
La circulaire ministérielle du 23 juillet 1847 conduit ensuite la Société d’agriculture à installer une École d’agriculture théorique et pratique, dans les locaux du presbytère de Châteaurenaud, sous la direction de l’abbé Marmorat, déjà directeur de la ferme-modèle . Mais elle ne deviendra jamais la ferme-école de l’arrondissement, voire du département, comme cela avait été pressenti sous la Seconde République. Pire, la ferme expérimentale grèvera lourdement les finances de l’association, dès les années 1850.
Il faut attendre l’avènement de la Troisième République pour que les efforts en vue d’instituer un enseignement agronomique portent leurs fruits. Dès lors, la Société relaie activement les initiatives officielles visant à vulgariser les nouvelles techniques, ainsi qu’à aider à la diffusion des principes d’hygiène et d’économie domestique. Ainsi, elle convie régulièrement M. Battanchon, professeur d’agriculture nommé en Saône-et-Loire depuis 1892, à présenter des conférences sur divers thèmes agronomiques. Cet enseignement est complété par l’installation de trois champs expérimentaux en secteur louhannais, cultivés sous le contrôle de la Société qui ont remplacé la ferme-école de Châteaurenaud. À l’échelon régional, la Société est représentée à l’École pratique d’agriculture et de viticulture de Fontaines, créée en 1892.
Le volontarisme de la Société d’agriculture s’exerce par ailleurs au travers de l’organisation de manifestations annuelles, célébrant l’innovation technique et récompensant les agriculteurs méritants.
Peu après sa fondation, la Société d’agriculture de Louhans institue une Fête annuelle de l’agriculture, dont la première édition se déroule le 14 juin 1842 à la ferme-modèle. Les agriculteurs lauréats y sont récompensés par l’attribution d’équipements agricoles perfectionnés. Cette manifestation se muera en un concours annuel à partir des années 1860, organisé par alternance dans les divers chefs-lieux de cantons de l’arrondissement. Toujours sous le Second Empire, l’aviculture bressane est mise à l’honneur au travers des concours de volailles grasses, dont la première édition a lieu en 1863 à Louhans. L’organisation de cette manifestation conjointe aux deux Bresses repose, pour la composante bourguignonne, sur la Société d’agriculture de Louhans.
Dès la fin du XIXe siècle, sous les auspices de Lucien Guillemaut, ces concours permettront également de célébrer et de valoriser le patrimoine culturel bressan, en s’appuyant notamment sur la notoriété de la volaille de Bresse.
La Société d’agriculture de Louhans se préoccupe également de mutualiser les équipements et les fournitures agricoles, puis de promouvoir la prévoyance agricole. Déjà, quelques années après sa création, la Société assure la fabrication d’instruments agricoles perfectionnés par des charrons qu’elle emploie. Par ailleurs, lors de la Fête annuelle de l’agriculture, dont la première édition a lieu en juin 1842 à la ferme-modèle, sont distribués aux agriculteurs méritants, en guise de primes, des instruments agricoles performants. Ces lots résultaient de subventions octroyées par la Société d’agriculture, sciences et belles lettres de Mâcon.
En 1891, la Société se constitue en une Association syndicale, dans le but d’acheter à meilleur prix les engrais chimiques. Le syndicat acquiert également des machines agricoles : trieur, herse, charrue brabant.
Au début du XXe siècle enfin, la Société se préoccupe de l’éducation à la solidarité, avec la promotion active des sociétés de secours mutuels, des assurances mutuelles-bétail ou mutuelles-incendie, et des caisses de crédit agricole .
Les publications
La première revue publiée par la Société s’intitule L’agriculteur, journal d’agriculture pratique et des intérêts agricoles, et paraît mensuellement dès 1841 (n°1, août 1841). Elle est distribuée gratuitement à tous les membres de la Société. Elle présente un état sommaire des travaux de la Société, ainsi que de ceux exécutés sur la ferme-modèle ; tous les faits et découvertes relatifs à l’agriculture, ainsi que les mémoires et renseignements adressés à la Société ; un compte-rendu sommaire des actes législatifs et administratifs relatifs à l’agriculture ; enfin, le tableau du prix des grains et farines sur le marché de Louhans. Sous la Troisième République, Lucien Guillemaut transforme la revue en un véritable organe d’information et de propagande.
L’agriculteur, journal d’agriculture pratique et des intérêts agricoles est ensuite absorbé par La Bresse louhannaise : bulletin mensuel de la Société d’agriculture et d’horticulture de l’arrondissement de Louhans, qui paraît de 1889 à 1944. Lucien Guillemaut, alors député et installé à Paris, n’a toutefois pas abandonné la présidence de la Société, et a intitulé son organe d’après une dénomination apparue dans le contexte des batailles ferroviaires du Second Empire, dont il s’était fait le promoteur zélé. À partir de 1890, ce bulletin mensuel accueille d’ailleurs les livraisons sérielles de l’œuvre historique qu’il consacre à la région : Histoire de la Bresse louhannaise des temps anciens à la Révolution, suivie de L’histoire de la Révolution dans le Louhannais.
À partir de 1877, la Société d’agriculture édite un Almanach auquel s’adjoint en 1878 un Annuaire.
Le Docteur Gaspard, juge de paix du canton de Saint-Étienne-en-Bresse, qui contribua à la Statistique départementale de Ragut en 1847
L’abbé Marmorat, curé de Châteaurenaud. Grand zélateur de l’agriculture pratique et de l’enseignement agricole, il assuma la vice-présidence de la Société. Passionné d’agronomie, il administra la ferme-modèle de Châteaurenaud jusqu’en 1851, et dirigea à partir de 1847 l’École d’agriculture théorique et pratique établie dans les locaux du presbytère.
Sous la Troisième République, Lucien Guillemaut (1842-1917), grand promoteur de la Bresse louhannaise, présida longtemps aux destinées de la Société d’agriculture. Ancien secrétaire, puis vice-président en 1879, il accède à la présidence de la Société en 1884. La même année, ce médecin de profession, jusqu’alors maire de Louhans (depuis 1880), est élu député de la circonscription et abandonne son mandat municipal pour s’installer à Paris. Mais il n’en continuera pas moins à assurer la présidence de la Société, notamment au travers des pages de La Bresse louhannaise. Suivant ce même schéma qui se perpétuera jusqu’en 1928, la présidence de la Société d’agriculture reviendra au maire du chef-lieu d’arrondissement, par ailleurs conseiller général du canton et animateur local du parti républicain, quand il ne sera pas député.
L’abbé Marmorat, curé de Châteaurenaud. Grand zélateur de l’agriculture pratique et de l’enseignement agricole, il assuma la vice-présidence de la Société. Passionné d’agronomie, il administra la ferme-modèle de Châteaurenaud jusqu’en 1851, et dirigea à partir de 1847 l’École d’agriculture théorique et pratique établie dans les locaux du presbytère.
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Lucien Guillemaut, par J. Guillemin (source : musée municipal de Louhans) |
Sous la Troisième République, Lucien Guillemaut (1842-1917), grand promoteur de la Bresse louhannaise, présida longtemps aux destinées de la Société d’agriculture. Ancien secrétaire, puis vice-président en 1879, il accède à la présidence de la Société en 1884. La même année, ce médecin de profession, jusqu’alors maire de Louhans (depuis 1880), est élu député de la circonscription et abandonne son mandat municipal pour s’installer à Paris. Mais il n’en continuera pas moins à assurer la présidence de la Société, notamment au travers des pages de La Bresse louhannaise. Suivant ce même schéma qui se perpétuera jusqu’en 1928, la présidence de la Société d’agriculture reviendra au maire du chef-lieu d’arrondissement, par ailleurs conseiller général du canton et animateur local du parti républicain, quand il ne sera pas député.

Elle est toujours partie prenante de l’organisation des Glorieuses, le concours annuel des volailles grasses de Bresse, organisé à Louhans le dimanche précédant Noël.
Les archives de la Société sont déposées à l'Écomusée de la Bresse bourguignonne.
Coordonnées
Adresse : La Butillarde - 71480 Varennes-Saint-SauveurTel : 03 85 74 61 09
Président : Jean-Paul Treboz
Archives
Sociétés savantes de Saône-et-Loire. Circulaires, demandes de renseignements, règlements, subventions (1818-1936)
>> Cote AD Saône-et-Loire : 1T 299
Société d’agriculture de l’arrondissement de Louhans : règlement de la Société [adopté en 1841], Louhans, impr. de R.-J. Poinet, 1841, 14 p.
>> Cote AD Saône-et-Loire : J 1464
Documents imprimés
Annie Bleton-Ruget
« Institution départementale et amélioration de l’agriculture » , in Le Conseil général au temps de Lamartine et Schneider : la Saône-et-Loire, 1836-1870, pp. 33-49
« Un siècle d’encadrement local : la société d’agriculture de Louhans (1838-1938) », in Pierre Ponsot (dir.) La Bresse, Les Bresse. II, Ain, Jura, Saône-et-Loire, Éditions A. Bonavitacola, 2003, pp. 285-298
L'Agriculteur : journal d'agriculture pratique et des intérêts agricoles, Louhans, Société d'agriculture de l'arrondissement de Louhans, 1841- ?
>> Cote Bibliothèque des AD Saône-et-Loire : REV 1 116
La Bresse louhannaise : bulletin mensuel de la Société d'agriculture et d'horticulture de l'arrondissement de Louhans, Louhans, [s.n.], 1889-1944
>> Cote Bibliothèque des AD Saône-et-Loire : REV 249